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1999 - Laboratoire Européen de Contrôle Biologique - Montferrier

Maître d'ouvrage :Ministère de l’Agriculture des USA

Ville : Agropolis - Montferrier-Sur-Lez - Montpellier Département : 34


Laboratoire de recherche Européen
Serres bioclimatiques et serres "blanches" NS3
Surface : 1500 m2 SHON m²

Etudes plans et Documents en Américain
Normes de sécurité US    
Administration - Bureaux - Laboratoires
Chambres blanches : quarantaine    
Ateliers - Garages
1ère serre de quarantaine NS3 réalisée en France

Cirmad Gd Sud Contractant général
François Nougaret Mandataire architectes
HDR Washington Architectes associés

Lauréat Concours sur esquisses (6 sur 1 an) Conception-construction
Mission : complète (type m2)

Mars 2000 - n° 46

L'European Biological Control Laboratory (EBCL) :

Le principal laboratoire de lutte biologique de l'United State Department of Agriculture / Agricultural Research Service (USDA/ARS) se trouve à Montpellier

Etabli à Montpellier, l'European Biological Control Laboratory (ou Laboratoire Européen de Lutte Biologique) a inauguré le 21 octobre dernier ses nouvelles installations sur le campus international Agropolis (*) de Montferrier-Baillarguet : 1200 m2 de bureaux et 1300 m2 de serres dédiés à la lutte biologique.

L'EBCL est né en 1991 d'une fusion de l'ancien Laboratoire des Parasites Européens fondé à Paris en 1919 avec le Laboratoire de Contrôle Biologique des Mauvaises Herbes ouvert à Rome en 1958. L'EBCL est le principal laboratoire ARS de lutte biologique dans le monde et la première installation de recherche construite en dehors des USA par l'USDA/ARS.

La lutte biologique contre les mauvaises herbes et les ravageurs

Les recherches menées par les spécialistes de l'EBCL visent à développer des technologies de contrôle biologique pouvant être utilisées pour limiter l'invasion des insectes nuisibles et des mauvaises herbes. Les Etats-Unis s'intéressent depuis plus d'un siècle à la lutte biologique afin de contrer le développement de nombreux ravageurs et mauvaises herbes d'origine européenne et asiatique introduits accidentellement sur le continent américain sans leurs ennemis naturels. Les chercheurs de l'EBCL traquent donc à travers des expéditions sur les cinq continents ces ennemis naturels, qu'ils soient insectes, acariens, champignons ou encore nématodes, ils les identifient, les caractérisent et les valident en tant qu'agents de contrôle avant de les implanter aux Etats-Unis. L'EBCL travaille actuellement sur une vingtaine de projets et compte déjà une dizaine d'études achevées sachant qu'il faut entre 7 et 10 années pour voir aboutir un projet de recherche. "Les recherches sont longues car la lutte biologique est une technologie économique, sûre et sans danger pour l'environnement à condition de respecter de multiples étapes de contrôle, de validation avant d'implanter librement des milliers d'individus dans l'environnement " explique Paul Charles Quimby, directeur de l'EBCL. Pour illustrer le déroulement d'une étude, Alan Kirk, chercheur entomologiste nous parle du projet sur Tamarix ramosissima . Cet arbuste est une plante ornementale très courante en France qui ne pose pas de problème particulier car elle y est naturellement régulée. En revanche, aux Etats-Unis, elle prolifère, déplaçant des plantes rares et bloquant de nombreux cours d'eau. La première action des chercheurs de l'EBCL est la prospection d'agents pathogènes naturels de Tamarix . Cette recherche se fait dans des régions différentes du monde afin de collecter des espèces vivant dans un habitat (froid, humidité...) proche de celui où elles seront éventuellement implantées. La collecte terminée, les scientifiques travaillent à la détermination exacte des espèces recueillies et mènent des expérimentations afin de mesurer leur spécificité vis-à-vis deTamarix . Des espèces sont ensuite envoyées aux équipes américaines afin de les tester sur les arbres locaux. L'introduction est controlée et se fait au sein de cages d'évaluation avant d'arriver à l'étape ultime de largage dans la nature. Tout au long de ces différentes étapes, l'USDA -le Ministère de l'Agriculture américain- supervise les résultats et donne un avis favorable ou non à la poursuite des expérimentations.

Les recherches menées par l'EBCL permettent de stopper les pertes économiques imputables aux mauvaises herbes et ravageurs

Les mauvaises herbes et les ravageurs, quand ils ne sont plus naturellement contrôlés comme c'est le cas dans leur habitat naturel, deviennent très rapidement un véritable fléau pour l'équilibre écologique mais aussi pour l'économie. "Nous réalisons une étude économique au préalable afin de connaître les coûts engendrés par la mauvaise herbe ou le ravageur en question " explique le directeur de l'EBCL. Ainsi, la mauvaise herbe Euphorbia esula est responsable de 140 millions de dollars de pertes, elle affecte les vaches et les chevaux qui sont repoussés par cette herbe et refusent de s'alimenter. Euphorbia esula sévit sur quatre états américains où elle recouvre six millions et demi d'hectares. L'EBCL a collecté dans différents pays (Chine, Italie, Russie...) cinq espèces d'insectes qui se nourrissent des racines et/ou des feuilles de cette herbe. Après plusieurs années de validation, 62 millions d'individus de ces différentes espèces ont été distribués l'année dernière aux agriculteurs des états concernés. Du côté des ravageurs, Bemisia tabaci -ou mouche blanche- entraîne elle aussi des pertes économiques énormes. Elle s'attaque à plusieurs types de récoltes (légumes, coton...) et de plus, elle vectorise de nombreux virus. L'EBCL a identifié trois espèces d'insectes parasites naturels de cette mouche qui ont permis de canaliser sa multiplication et ses méfaits.

Une recherche internationale

Pour mener à bien tous ces projets très divers, l'équipe de l'EBCL est multinationale et multidisciplinaire. Elle comprend aujourd'hui 7 chercheurs, 5 assistants de recherche, 5 techniciens et 3 agents administratifs. L'EBCL accueille par ailleurs de nombreux étudiants, des chercheurs post-doctorants et des scientifiques en mission. Les explorations menées lors des différents projets de l'EBCL impliquent de nombreux laboratoires de recherche répartis sur les cinq continents, les chercheurs travaillent en effet en étroite collaboration avec des scientifiques locaux pour leur recherche in situ d'ennemis naturels. Une carte du monde visible sur les plaquettes de présentation de l'EBCL montre bien cette internationalité des recherches par le cheminement des espèces : leur collecte dans différentes régions du globe, leur séjour à Montpellier pour études et leur envoi sur le sol américain pour celles qui ont été retenues. L'EBCL travaille aussi pour certains projets en partenariat avec d'autres pays concernés par des mauvaises herbes ou ravageurs identiques, c'est le cas par exemple de l'Angleterre et du Canada pour Euphorbia esula . Mais les études menées par l'EBCL ne concernent pas seulement la lutte biologique au sein des Etats-Unis, le laboratoire met à disposition sa maîtrise et son savoir-faire dans ce domaine pour gérer les mauvaises herbes et les insectes nuisibles dans les pays en voie de développement où ils provoquent la famine. Ainsi, dernièrement, une étude a démarré en collaboration avec l'INRA sur la lutte biologique du criquet en Afrique.

Le campus international Agropolis de Montferrier-Baillarguet : Un environnement privilégié retenu par l'EBCL

Installée récemment dans un nouveau bâtiment parfaitement adapté à son activité, l'équipe de l'EBCL bénéficie d'équipements performants : chambres d'élevage, trois types de serres, hottes à flux laminaires ... et une salle pour la mise en quarantaine de certaines espèces ramenées des explorations à l'étranger. Le laboratoire devrait aussi prochainement s'équiper en biologie moléculaire afin d'obtenir un déterminisme génétique précis des espèces récoltées qui étaient jusqu'alors essentiellement caractérisées sur leurs caractères phénotypiques . "Nous avons commencé à utiliser ces nouvelles techniques lors de nos derniers projets et elles nous apportent des renseignements précieux tout en permettant un gain de temps appréciable " précise Alan Kirk.

Les voisins du laboratoire américain sur le campus international Agropolis de Montferrier-Baillarguet sont le laboratoire australien CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organization Division of Entomology), le CIRAD et prochainement le Centre de Biologie et de Gestion des Populations (CBGP, unité mixte de recherche INRA/IRD/CIRAD/AGRO.M.). Au total environ 150 scientifiques français et étrangers regroupés sur ce campus constitueront un pôle de compétences international en matière de protection des cultures. Des collaborations sont déjà effectives comme par exemple un centre commun CSIRO / EBCL / INRA de ressources documentaires sur la lutte biologique qui sera bientôt regroupé avec le fond documentaire du CBGP concernant la biologie et la gestion des populations d'organismes nuisibles ou utiles aux cultures.

"La volonté d'Agropolis et, plus généralement des collectivités locaux, de mettre sur pied un pôle dédié à la lutte biologique et la protection des cultures nous a incité en 1991 à choisir Montpellier pour nous installer " précise Alan Kirk qui est d'ailleurs le Président du Complexe International de Lutte Biologique Agropolis (C.I.L.B.A.), une fédération d'équipes d'institutions membres d'Agropolis concernées par le développement de la lutte biologique. C.I.L.B.A. a été créée en 1989 et regroupe des institutions françaises (CIRAD, CNRS, AGRO M., INRA, Ministère de l'Agriculture et de la Pêche, IRD et Université Montpellier II) et étrangères (CSIRO et EBCL). "Les nouvelles installations de l'USDA apportent une aide considérable aux Etats-Unis pour se joindre à des partenaires internationaux afin de résoudre des problèmes agricoles et environnementaux critiques " se félicite Paul Charles Quimby.

 

V. CROCHET

(*) Agropolis est une association loi 1901 créée par les établissements publics de recherche et d'enseignement supérieur situés à Montpellier et en région Languedoc-Roussillon en partenariat avec les collectivités territoriales, des sociétés et entreprises régionales. Pour plus de renseignements concernant Agropolis, voir notre article "AGROPOLIS, un pôle au rayonnement international" paru dans notre numéro d'octobre 1996.

Contact :

EBCL

Alan Kirk